Ouessant... Il était une fois une île...

dimanche 24 octobre 2010

Interview... Aujourd'hui...

Intérieur d’une vieille femme de pêcheur.


«  Dans le temps, quand j’étais partie à l’école, j’savais pas un mot de français…

     Moi, j’ai souvenir de l’enfance. On allait à la pêche. Y avait toujours un vieux avec sa gaule… et puis y avait tout un rite, puis, heu… j’crois qu’les gens de l’époque n’étaient pas pressés.
      Ils avaient le temps de tout faire, parce qu’ils faisaient beaucoup de choses et même ils pouvaient ne rien faire.

      Toute façon, y a un temps, la vie c’est ça, c’est indispensable. On a un temps ici, un temps là. Un temps de souffrance, un temps de joie et c’est ça continuellement.

      C’est pas à chanter et à danser qu’on a passé la vie. On trouvait grâce d’aller au lit le soir.

      Ah ! Oui… On met les photos un peu partout pour voir la famille, quoi… tout ça… Oui, celle-là c’est ma sœur qui est là. Celle-là c’est une cousine à moi et à ma sœur, là-bas aussi.
      Tout ça c’est la famille, quoi…

      Oui… Oui… Oui… Oh ! Oui, on a le temps maintenant que j’ai quatre-vingts ans, je crois que je suis née d’hier. Alors, vous voyez comment que c’est !

Et votre mari ?…

Il a péri en mer… Corps et biens. Ca fait vingt-trois ans. Pour moi c’est pénible, bien sûr, d’être seule.

Lors d’un sauvetage ?

Non, avec son bateau, à Pern. Ce coin est très dangereux. Il y en a d’autres qui ont péri là encore… »
   

Un peintre.

« On a tellement de choses en nous qu’on étouffe et moi j’essaye de me libérer comme ça ; c’est une libération si l’on veut. »



Une femme artisan.

« L’avenir ? Je n’y pense pas encore. On verra après. Je ferai du tissage pendant quelques années puis après on verra bien. Je ne sais pas encore… »



Une femme âgée.

«  Ah ! Oui… Ca, le tissage je sais que y en a… Oui, que y en a… Je sais pas mais le tissage j’ai jamais vu comment qu’y faisaient.
J’ai pas été les voir ni rien. Non je sais pas…
C’est dommage ?
Y en a même un potier, oui je crois, qui fait la poterie.
Je sais pas comment qu’il travaille par exemple. Faudrait que vous alliez le voir…

Vous aussi vous devriez aller le rencontrer…


-  Oh ! Non… Oh ! Non… Pensez-vous ! Moi j’ai pas besoin de ça, hein ! Moi, je fais mon tissage moi-même… Je fais… On file la laine et puis on tricote, et oui, moi, je tricote beaucoup. »



Des jeunes.

« Je veux m’installer ici, rester ici… rester vivre ici. Pas question d’aller habiter en ville, dans une autre ville ou ailleurs !

Moi, j’ai envie de faire menuisier, car j’ai envie de rester à Ouessant. Oui, j’ai pas envie d’aller autre part, moi !

Y a pas de travail, y a rien. Faut faire quelque chose pour partir de ce pays. Y a pas d’boulot !

Moi j’veux quitter l’île et puis j’vais faire footballeur professionnel !

Moi, j’veux faire paysan et je quitterai pas l’île.

Vétérinaire, pour soigner les animaux…

Moi, je voudrai bien soigner les oiseaux, et les élever aussi.

Moi, je veux rester ici et je veux faire maîtresse d’école.

Moi, j’veux faire marin d’état.

J’voudrai être potier. »



Une femme âgée.

« Je m’occupe pas des choses des autres familles. Non, je les connais mais je m’occupe pas…
Quand on est heureux, on n’a pas a demander plus.

J’suis bien contente de vivre comme ça, mais quand on voudra, moi, je suis parée pour aller. Ca ne dirait  rien du tout… Je sais que j’ai passé ma vie sur la terre, c’est le tour des autres.

Là… Voilà la malheureuse mort à Brest. On a pas pu mettre ses effets à elle pour aller en terre… » 

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