Ouessant... Il était une fois une île...

mardi 30 novembre 2010

La goutte d'eau

Dans la goutte d’eau la poussière
Sera mon île sur la mer

Dans la goutte d’eau la lumière
Fera la nacre de l’ormeau

Dans la goutte d’eau la matière
Jouera d’atomes en noyaux

Dans la goutte d’eau en colère
Je m’agripperai au radeau

Puis la goutte d’eau somnifère
Endormira mon vieux bateau




lundi 29 novembre 2010

Un para d'île

Accroché à son cocotier
Emberlificoté dans ses sangles
Il ne lui reste qu’à attendre
Que le vent le fasse tomber
Que l’une d’elles ne l’étrangle
A moins qu’ils ne le trouvent tendre
Tous ces beaux oiseaux bariolés
Ou que le volcan de ses cendres
Ne renaisse pour le griller
De ses vapeurs incandescentes
Puis passera le tsunami
Sur ses restes déjà bien cuits
Lessivera le sable blanc
Car le sang ne tient pas sur lui
Si vis pacem para bellum
Quel misérable décorum
Il faut nous méfier des dorures
Ce n’est pas une sinécure
Que de mourir au paradis



dimanche 28 novembre 2010

Où y a de la génèse...

Cette vieille chanson de geste
Je l’ai entendue dans la rue
De la genèse ce qu’il reste

A ce quadrupède cornu
La voix de Dieu dit « Pas là, daim ! »
Donc sur cette île ne posa-t-il
Un seul sabot pardi pas un
Un paradis oui c’était bien
Où un serpent si indécis
Grosse saucisse sans soucis
Sifflotait tant de mais de si
Qu’il en devenait agaçant
Mais ce qui vous glaçait le sang
C’était les deux les bras ballants
Qui ne savaient que faire d’œufs
Car sans mode d’emploi du temps
Où quand comment faire un enfant
Je vous le dis que ferait l’homme
Ils ont fait une tarte aux pomme
Et s’en sont gavés jusqu’aux yeux
Sans la moindre part de côté
Pour celui qui les a crées
Lui n’a fait ni une ni deux
Devant un tel mépris pour lui
Le gourmant Dieu les gourmanda
Enfin les mains il s’en lava
Mais le roi Dédain s’avança
Tout fier au milieu de sa harde
Et lui chuchota « Oh Mon Dieu
C’est un vrai paradis regarde
Cette fourrure est un Eden
Et vois-donc ces cuissots jolis
Qu’il soit cochon qui s’en dédit
Je veux encor vivre des daines »
Auquel le Père Dieu répondit
« Mon vieux ça ce n’est pas écrit
Ce que j’ai lunette et précis
C’est qu’ici passent containeurs
Pour ce qui est des souteneurs
Va voir ailleurs si j’y suis »


samedi 27 novembre 2010

J'attends

J’attends sur les rochers du temps
Que le vent écorché qui mousse
Pousse vers moi le chant du mousse
Qui s’est perché dans les haubans

J’attends sur les rochers du temps
Que le vent sans gêne qui tousse
Pousse la chanson aigre-douce
De la sirène qui se détend

J’attends sur les rochers du temps
Que le grand vent qui tout retrousse
Laisse ta peau de pamplemousse
Toute à mon œil concupiscent

J’attends sur les rochers du temps
Que le vent donne un coup de pouce
L’utile et la bonne secousse
Pour chasser l’île dans le couchant

 

vendredi 26 novembre 2010

Une nouvelle aire

Il n’y a plus d’eau
L’île est montée
Tel un nid d’aigle
Elle est perchée
Quel est l’espiègle
Assez costaud
Qui a pu la hisser là-haut

Mais réfléchis
Mon vieux personne
Tu es là qui crie
Qui t’étonne
Mais c’est toi qui
Est descendu
Depuis que l’eau a disparu

Tu vois toujours
Le monde ainsi
A ta botte ou
De ton nombril
Et sans tes rêves
Que vaut ta vie
Un Père Noël qui se défile

jeudi 25 novembre 2010

Le troisième type

Croix d’bois croix d’fer
Si je fabule j’vais en enfer
Je l’jure Monsieur l’Agent d’Armes
Comme je vous vois c’est sûr
L’est remontée la bulle de terre
Remontée du fond de la mer
Maint’nant regardez comme c’est beau
Elle flotte à la surface de l’eau
Mais non , j’en n’ai bu qu’une larme
Vous pouvez vous servir une coupe
Il en rest’ bien au moins un verre
Y a pas de quoi en faire un flan
Je n’suis pas soûl la preuve tiens
J’me souviens c’était just’ avant
Qu’la soucoupe dépose les martiens



* Extrait de la déposition de Paul Le Kergwencoz , 3° type interrogé, samedi 20 Novembre, au bar « La treizième dimension » à Le Conquet, face à le jetée.

mercredi 24 novembre 2010

Immole-moi sur ma molle île

Si mon île était molle
Allongé sur le sol
J’y dormirais tranquille
Je ne serais pas seul
Ce serait difficile
Sous un tel ciel de lit
De trouver le sommeil
Sous la nuit le soleil
Les pluies d’eau ou d’étoiles
Les lutines sans voile
Réelles ou irréelles
Qui content des comptines
A tendances sexuelles
Korriganes t’entraînent
Ricanes sous les dolmens
Farfadettes secrètes
Espiègles font la fête
Et moi sur mon sol mou
Un peu mal à la tête
Je vois tout flou

Si mon île était molle
Ce serait un atoll
Une sorte de bouée
Radeau de la Méduse
Pour servir de refuge
A ces nombreux transfuges
Rejetés par leur muse
Poètes abandonnés
Qui un jour sont trompés
Crédules et abusés
Par de bons politiques
Ils changent leur optique
Ça c’est monnaie courante
Mais sans la main-courante
C’est la chute assurée
Au fond du Pacifique
Dans un conflit armé

Si mon île était molle
Elle serait asile
Pour ceux qui dans les cases
Ne rentrent pas facile
Qui ne sont pas en phase
Pour tous ceux qui s’étiolent
Aux normes imbéciles
Si mon île était molle
Ce serait vraiment doux
Moi je deviendrais troll
Pour être garde-fou

Si mon île était molle
Je serais sans défense
A regarder le sol
Fendu sans déférence
Des étraves immenses
Des pétroliers géants
Aucune marée noire
Un coup et ça repart
Arrière vers l’océan
Encore bibi qui lèche
Les plaies et rabiboche
Celles qui se croient des baies
Qui ne sont que des poches
Ou des anses et je pense
Que sur ce Chamallow
L’hirondelle swallow
Ne posera les pattes
Seul peut-être un black cat
Errant in the shadow
Lui qui n’aime pas l’eau
Sur d’élastiques pattes
Viendra jouer les pirates
Par-dessus mon pactole
D’espoir à tenir chaud
Je mettrais mon pillow
M’endormirais peut-être
La tête près de l’eau

Si mon île était molle
Ma chanson barcarolle
Et si j’avais gondole
Ailleurs qu’au caniveau


mardi 23 novembre 2010

Aux grains de mon moulin

La poésie c’est comme le pain
Les mots en sont les grains
Le son n’est pas le sens
Mais sa toute puissance
Fait que ça tourne rond
Le son en est le vent
Avec ses tourbillons
Alors danse le son
Et avance au fournil
Stromboli de ton île
Vésuve à Napoli
Dans le feu et les flammes
Vois aux yeux de ta dame
Fleurir la poésie
Qui est comme le pain
Où les mots sont les grains
D’or je sais quelle importance
Le son n’est pas le sens
Mais le sens en dépend
Malgré les tourbillons
Prend toujours sa défense
Miche bâtarde ou flûte 
Ma douce Mie vous fûtes
De cette vie l’essence



lundi 22 novembre 2010

Nana c'est elle ( NaCl )

J’aime le goût du sel de ta peau dans la mer
Et la mer sur ta peau cette seconde peau
Car ta peau sans la mer ça me met à l’envers
Et la mer sans ta peau n’est plus rien que de l’eau
Que de l’eau sur mes os avec un goût amer

Je n’aime pas l’amer qui m’arrache la peau
De la bouche pour faire des aphtes artichauts
J’aime le goût du sel de la sueur sur ta peau
Qui vient quand il fait chaud sous le chardon lumière
Quand la mer a fini de sécher sur ta peau

Laissant de blanches traces au lisse violoncelle
De tes hanches qui glissent à l’archet des caresses
Où les crins de malice vibrent avec souplesse
J’aime le sel qui danse la musique des transes
Enfin qui cristallisent au souffle du silence

Fait de la lumière grise des stances d’arc en ciel
Quand le doigt des errances tourne sur le cristal
La musique s’étale frémissante et s’élève
Alors le goût du sel toute ma vie relève
Dans le tam-tam des peaux cherche son idéal

J’aime le goût du sel mais la mer en fait trop
Je le préfère sur ta peau



dimanche 21 novembre 2010

Je t'attends

Je t’attends
Le nez dans l’océan
Je t’attends
Perché au bord du monde
Aux étoiles je me pends
Je t’attends
Dans l’éventail du vent
Les drisses cliquetant
Les hauts haubans qui baillent
Je t’attends

Et j’ai fermé les yeux
Les pieds sur l’île molle
Je n’ai plus de paroles
Et je n’ai plus de dieux
Je t’attends
Dans les cris de la mer
Accouchant de l’enfant
Qu’elle n’aurait pas dû faire
Je t’attends

Dans la mousse de roches
La mousse de la lande
Les mains au fond des poches
Je chaloupe et chalande
Je t’attends

Dans l’inexactitude
Cette triste balance
Et dans l’incertitude
Et dans l’indifférence
Je t’attends

Sur la falaise abrupte
Persillée de nids blancs
La où la brume éructe
Où l’embrun se répand
Je t’attends


Dans le rêve élastique
Où ondule l’ondine
Les scènes érotiques
Onaniques et câlines
Je t’attends

Dans la mouette qui fouette
L’air salé de Ouessant
Près de la goélette
Passe les goélands
Je t’attends

Tous les cris déchirants
De ces oiseaux de mer
Percent mon cœur amer
Comme on berce un enfant
Je t’attends


samedi 20 novembre 2010

Cocktail

L’oiseau blanc du brouillard
A surgi face à face
A gravé ma mémoire
Avec son bec de glace

Puis il est reparti
En me laissant sans voix
Et sans plus d’appétit
L’esprit et le corps froid

Ma tête est douloureuse
Secouée comme un shaker
Dedans la vie la peur
Toutes mes amoureuses

Et mon verre s’embue
Sur le comptoir d’inox
Dehors le cocktail tue
La mer frappe on the rocks

vendredi 19 novembre 2010

Fausse-couche sédimentaire

Moi je veux bien défendre une espèce animale
En danger mais quand même faut pas exagérer
Car le dernier serpent de mer cet imbécile
S’est explosé la tête en fonçant sur une île
Répandant sa cervelle brisant ses mandibules
Il semblerait qu’ainsi il se soit suicidé
J’y ai bien réfléchi haut dans ma thébaïde
Voici la conclusion qui va faire des émules
Ce serpent s’est pris pour un spermatozoïde
Heureusement notre île n’était pas une ovule
Si jamais les souris n’accouche d’éléphant
Il n’aurait plus manqué qu’ils nous fissent un enfant

Enfantillage

Etoc, fait le rocher tout en perçant la coque
Touché !… C’est toi qui y est, Coco !

jeudi 18 novembre 2010

Pointe du ras

Tout en parcourant l’île sol de mousse arasé
Le vent fil du rasoir a coupé l’arbre-poil
Une première fois dessous les cervicales
Puis il est repassé il en a fait les rames
Des haricots cocos avant qu’il se rétracte
Comme il était tri-lames il est passé à l’acte
Une troisième fois tout ça sans vague-à-lame
Voilà pourquoi les îles ont des peaux de bébé
Où la bise peut se poser 


mercredi 17 novembre 2010

Hydre au carbure

Je regarde glisser sur de liquides rails
Des gros monstres de fer et d’acier tout gonflés
De l’épais noir liquide aspiré des entrailles
D’une Terre malade à perdre un sang épais

Mais quelle est la conscience des assoiffés vampires
Je voudrais bien savoir ce qui coule en leur veines
Moustiques dérisoires qui sans cesser aspirent
Encore de l’or pour leur vie toujours plus vaine

Qui oserait lancer aux remuants océans
Des tankers monstrueux de plus en plus géants
Qui mettent vingt-cinq miles toute machine arrière
Avant d’enfin cesser de glisser sur leur erre

Avec une vigie haute de dix étages
Ne voyant d’horizon que des mensuels pornos
Quand elle ne s’endort pas lasse à tourner les pages
De filles effeuillées au joli bas du dos

Moi j’attends le prochain qui me fera mourir
Rien qu’une île posée un nez dans l’océan
Mais ce nez-là est fait pour que toi tu respires
Je regarde passer les pétroliers géants


mardi 16 novembre 2010

Naufrageur

J’ai allumé un feu perché au bord du monde
Dans l’épaisse nuit noire devant la mer qui gronde
Debout le cœur battant rempli d’espoir j’attends
J’attends qu’une âme errante comme moi solitaire
S’en vienne en titubant s’éventrer sur son erre
Mais durs tels des diamants mes rochers font barrière
Et les âmes s’en vont finir leur vie ailleurs

J’ai allumé un feu pour leur servir de leurre
Mais j’ai dû me tromper de route maritime
A moins que l’inconnu n’attise trop les peurs
A moins qu’elles ne craignent pour ma nuit si intime
Il n’ y a plus de passage et plus un seul navire
Réfléchi ou pas sage ne s’approche et chavire
Sur mon île seul je sens que se resserre mon coeur

 

lundi 15 novembre 2010

Radoub sur les docks

Les coquettes cocottes caquettent de plaisir

Devant le maître-coq coquin pince sans rire

Coqueluche des dames aux plumes fanfreluches

Agglutinées aux quais pendant que le coquet

En toque peint un neuf à la coque du navire

dimanche 14 novembre 2010

Île ou ailes



Oui à force de parler d’elle
J’ai oublié de parler d’île
Sauf qu’il est vrai qu’en parlant d’île
Je continue de parler d’elle

Alors je vais vous parler d’aile
Au moins là je serais tranquille
Car ce n’est pas demain qu’une île
Pourra s’envoler vers le ciel

Mais j’entends quelqu’un qui me hèle
Vous dites que vous vous le vîtes
Hermaphrodite météorite
Elle va faire encor parler d’elle

Et à force de parler d’elle
J’ai oublié de parler d’il
C’est étrange et assez subtil
Que d’être un ange avec des elles