Ouessant... Il était une fois une île...

mercredi 2 mars 2011

Comme une eau terre

En jetant un coup d’œil par-dessus mon épaule
Je peux voir la jetée bien calée sur le môle
Qui vient jouer les écueils pour casser les élans
De langues écumeuses à l’odeur de hareng

Sans vouloir critiquer son hygiène buccale
La senteur des embruns loin d’être pastorale
Serait plutôt fécale les bouches sont d’égout
Les tuyaux de métal rouillent sur les cailloux

Mâchouiller du plastique éternel chewing-gum
Ou bien cracher la chique du pétrole des hommes
Se taper l’injection de rejets délétères
Ne fait pas fleurir l’hygiène bucco-dentaire

J’entends déjà le son de l’horrible roulette
Ces tristes vibrations qui lui percent la tête
Quel praticien pourrait à moins d’être un Homère
Loin du chacun pour soi-gner les dents de la mer 
 
 
 

mardi 1 mars 2011

Marée bleue

Comme de l’huile de vidange
La nuit se répand et les anges
Cherchent à percer l’air visqueux
Les ailes engluées jusqu’aux yeux
Être ange la lumière est bleue
Elle a des reflets sinueux
Qui lentement s’étirent changent
Arc-en-ciel huileux aux cieux

Plus de louange pour les dieux
Eux qui ont permis le mélange
De bleu vineux et plumes d’anges
Plus blanches que neige de tes yeux
Qu’elle est triste cette vendange
Qui fait cet amas odieux
Du cri des ailes qui le démange
Au chant de la mésange bleue

Les pennes cyan osées en panne
L’ange est mort que les dieux se damnent
Nous n’auront plus l’heur d’être heureux




lundi 28 février 2011

Outre bleu

Outre le coutre qui fend sévère
De sillons le ciel de la nuit
En déchirures outremer
Ouvertures sur les paradis

Outre le boutre qui fend la mer
La plaie bordée d’embruns s’enfuit
Cicatrise en dentelles claires
Et s’évanouit à l’infini

Outre la loutre comme un éclair
Des reflets vairs sur son poils gris
Plus rapide que la lumière
A la rivière s’épanouit

Outre la poutre à l’œil de verre
Comme une escarbille qui luit
Paille au voisin jamais ne sert
A moins qu’un verre lui soit servi

Verre de curaçao bleu clair
Qui coule en gorge de la nuit
Pour une ivresse d’outremer
Douce comme un poil de souris




dimanche 27 février 2011

Peau de mouton

Sur la lande
On appréhende
Les matins
Quand les lutins
En bandes
Mettent leur houppelande
De laine
Et se changent en brebis
Qui broute la bourdaine
Oubliant les légendes
De la nuit


samedi 26 février 2011

Amère mer

Je suis grenouille
Et je me mouille
Dessus ma feuille
Une lumière dans son œil
Eclaire ma mare
Et mon île se marre
D’être née nue phare



vendredi 25 février 2011

Brume d'un soir

Un nuage s’est posé sur mon île sauvage
Préposé au brouillard fatigué du voyage
Il a jeté l’amarre et ferlé ses bagages
Je n’y vois même plus ma page

L’air devenu liquide je respire une flaque
Et mes yeux sont voilés d’un bloc de papier calque
Je me déplace au loch sur une mer opaque
J’ai même perdu mon abaque

J’ai eu pourtant c’est sûr de pures éclaircies
J’ai découvert des murs percés de galeries
Et j’ai changé les peines en clés de paradis
Sur la grand route de ma vie

Ce jour ma plume est d’eau comme encre sympathique
Ma feuille est un buvard éponge hyperbolique
Je l’essors il en sort des vers amphigouriques
Que je voulais érotiques

Je sens que ce nuage alors me phagocyte
Il croit tenir l’intrus qui dans son corps gravite
Sans savoir que ce n’est qu’un pauvre néophyte
Qui n’est pas juste sybarite

Concède à ce pauvre hère adepte d’hédonisme
Le plaisir de la chair et du non conformisme
Ne jette pas la pierre s’il trouve à l’onanisme
Un remède au somnambulisme

Et pourtant je le sais juste derrière ce voile
Tu te tiens là dressée comme une cathédrale
Ex-voto équivoque pour un Sardanapale
Pour une ultime bacchanale

Ce soir qui sait le vent ouvrira une brèche
Et le soleil couchant dessus ta peau de pêche
Posera ses rayons dardera ses flammèches
Langues de sang sur une eau fraîche




jeudi 24 février 2011

Lignes intérieures

Il est vrai que souvent une île est trop petite
Pour y loger bagages les sacs et leurs porteurs
Que les hommes promènent autour d’eux en orbite
Il n’y a de la place que pour les vraies valeurs

L’air la mer et le ciel au voyage t’invitent
A découvrir ta vie apprivoiser ton cœur
Tu n’auras pour ce faire en guise de limites
Que celles des nuages où s’amassent tes peurs

Sans bouger tel un roc ou une stalactite
Ou statue de Rodin que l’on dirait penseur
Tu traverses l’espace sur un météorite
Aux aurores boréales tu cueilles quelques fleurs

Je sais certains diront que tu es hypocrite
Que seul un vrai billet peut donner du bonheur
Mais lorsque l’on n’a rien il reste la visite
Infiniment magique de l’espace intérieur



mercredi 23 février 2011

Croco d'île

L’ivresse est aux commandes
La paresse appréhende
Les caresses qui tendent
A faire bouger un peu

Tout dans l’air immobile
Se transforme en reptile
Même la mer est d’huile
Un miroir pour les cieux

Le linge pend au fil
La cloche au campanile
Le chien dort au chenil
Vigile est amoureux

Les genêts sur la lande
Se changent en lavande
Et pour une limande
Se prend le requin bleu

La chaleur est subtile
Le silence est fragile
Et le vent volatil
Se chauffe silencieux

S’endorment les légendes
Sans qu’on les réprimande
Les nains des plate-bandes
Copulent un peu entre eux

Tout dans l’air immobile
Se transforme en reptile
Je serais croco d’île
Pour te manger des yeux




mardi 22 février 2011

Trou d'eau trou d'air

J’ai piqué du nez dans la mer
Percé un trou dans l’océan
Tout ça pour un éclair d’argent
Qui laisse au bec un goût amer
Me voilà pauvre goéland
Coupable mais que puis-je y faire
D’avoir adoré la sardine
D’avoir apprécié le hareng
Je ne suis que bouc émissaire
La mer ne veut pas de rustine
Mais là-haut tout au bout de l’air
Il reste ouvert un trou béant



lundi 21 février 2011

Noble partage

Je regarde mon feu fumer
De bois mouillé sur le rivage
La nuit le verra s’allumer
Briller au-delà des nuages

Alors perdu à l’horizon
Qui sait un galion de passage
Eventrera sa cargaison
A nos pieds dans un bruit d’orage

Mes amis et moi finirons
De tuer les hommes d’équipages
Des rares filles en haillons
Nous ôterons le pucelage

Je sais qu’alors notre baron
Viendra pour se joindre au pillage
Avec son droit de préemption
Pour tout ce qui est des naufrages

Noble damoiseau en plumage
Au chapeau en dentelle de Lyon
Bien campé sur son cheval sage
Est souriant dans son giron

Puis il fait tourner l’attelage
Presque tout ils emporteront
Avant d’aller au blanchissage
Une tache de plus au blason

Allons mettons-nous à l’ouvrage
Le bois qui reste ramassons
Ce pauvre bois de brigandage
Nous n’avons que ça aux tisons

Moi je sais que de ce partage
Au baron nous reparlerons
Il paiera d’un juste fauchage
Le prix de la révolution



dimanche 20 février 2011

Tour isthme

Les étés les déversent
Et le vent les renverse
Puis la barque les berce
Le temps de l’excursion

Ils croquent des crevettes
Vident la supérette
Et comblent les chambrettes
De l’Hôtel du Galion

Dans des maisons de toile
Dorment sous les étoiles
A la pêche à l’étale
Mouillent leur pantalon

Et parfois sur la pointe
Exorcisent leurs craintes
En restant hors d’atteinte
Ils défient l’horizon

Ils rêvent sur la lande
Aux korrigans en bande
Dansant leur sarabande
Le temps des lunaisons

Serrés comme sardines
En deux mois ils piétinent
Les chemins qui s’échinent
A verdir en saison

Ils mâchouillent du crabe
Et demandent du rabe
De repas de nabab
Ah ! Mon dieu que c’est bon !

Tous ces fruits de la mer
Que les pêcheurs hier
Ont vendus pour pas cher
Pour payer les torons

Ils ont pris des images
Des rochers des cordages
Des bateaux de passage
Et des vieux à foison

L’île a donné du temps
L’île a donné du sang
Sa chair la mer le vent
Tout ça pour quelques ronds

Demain sera désert
Et le brouillard sévère
Lui voilera la chair
Les vieux palabreront  

Puis passera l’hiver
Le printemps salivaire
Poussera la bergère
Vers les plus beaux bourgeons

Alors toute en dentelles
La belle demoiselle
Tendra ses jarretelles
Pour la prostitution



samedi 19 février 2011

Eve reste


Vivre sur une île c’est avoir vaincu un sommet
Sans avoir jamais fait d’alpinisme


vendredi 18 février 2011

Galaxisme

Quand la mer sera lisse
Me parviendront les ondes
Des voitures de police
Des cris des rues du monde

Alors ma tête étoile
Ce jour explosera
En projetant le voile
D’une supernova

Eléments parcellaires
D’un monde interstellaire
De mes petits neutrons
D’autres mondes naîtront

Quand la mer sera lisse
Tout recommencera
Mais que fait la police
Pour empêcher tout ça




jeudi 17 février 2011

Attraction

Présent avenir se confondent
A regarder tournoyer l’onde
Déformation de l’espace-temps
E=mc2 c’est grand

E c’est l’envie
M c’est moi
C je ne sais
Mais
A 2 c’est mieux

mercredi 16 février 2011

Le temps pas appât

J’ai écris sur des murs de brume
Sur des rouleaux de papier Q
Et son encre a jeté ma plume
Sur la peau de très jolis culs

Ainsi écrire sur les lunes
Ca ne nourrit pas son Pierrot
Mais le soir quand la nuit s’allume
Le souvenir en est si beau

Que de ce livre de mirages
J’en tourne pas sage une page
Il est vrai que là je résume
Que voulez-vous ça me tient chaud

Je sais que ma muse amoureuse
Ne me tiendra jamais rigueur
D’aimer les parties voluptueuses
Qui mettent son corps en valeur

Il faudrait qu’elle tombe bas
Pour penser que son seul appât
Se tient là sous le creux des reins
Si doux sous la paume des mains

Je regarde mes abats-jour
Et contemple mes parchemins
Ridés saupoudrés de tanin
Du temps Mengélé et ses fours

J’ai écris sur des murs d’écume
Sur des rouleaux de papier bruns
Et son encre à jeté ma plume
Aux rivages de si doux seins

Ainsi écrire sur des dunes
Cela ne change vraiment rien
Alors mon abat-jour s’éteint
Légère s’envole ma plume